Géant économique et politique, la Chine est aujourd’hui aussi un géant dans le monde virtuel. Elle compte entre 200 et 400 millions d’internautes, selon les sources auxquelles on se réfère.

En août 2009, le nombre d’abonnement internet à haut débit était évalué à 93,5 millions, devenant ainsi le premier marché mondial du haut débit. Quarante-quatre millions des accès à internet se font par le biais de la téléphonie mobile. Au total, la Chine représente 21% du marché mondial d’internet, juste devant les Etats-Unis.

Malgré l’importance grandissante du réseau multimédia, il faut bien relativiser l’impact de l’arrivée d’internet pour la majorité de la population chinoise. En effet, le taux de pénétration du web est seulement de 12,3 %[1]. Internet reste donc un produit de luxe réservé aux élites intellectuelles. Ses usagers sont plutôt jeunes, urbains et éduqués, selon The Guardian. S’ils ont un contact avec l’information, la plupart des Chinois l’ont principalement par les médias traditionnels, à savoir la télévision et la radio.

Et même pour ceux qui bénéficient d’un accès internet, l’information n’est pas la principale activité online, comme dans tous les autres pays. La grande majorité des internautes utilisent internet pour jouer en ligne, chatter, ou télécharger de la musique[2].

Internet a commencé à se développer en Chine au milieu des années 1990. S’il a permis une plus grande ouverture au niveau social, cela n’a pas été vraiment le cas au niveau politique, relève Michael Anti, un des premiers bloggeurs chinois[3]. Le gouvernement a vite mis au point de nouvelles techniques de contrôle pour limiter cet espace de liberté.

Pourtant, la forte progression du secteur attire de nombreuses entreprises médiatiques, comme Google, Yahoo ou encore Microsoft. Ces dernières n’ont d’ailleurs pas trop hésité à se plier aux règles de censure édictées par le gouvernement chinois afin de pouvoir s’installer dans l’Empire du milieu malgré une rude concurrence. En effet,  la Chine a créé ses propres services online : Baidu pour Google, Youku pour remplacer YouTube, Kaixin001 pour Facebook, QQ pour MSN, Sina pour Twitter,  BBS pour les blogs, et Taobao et Tencent pour eBay. Seul le service de messagerie de Google, Gmail, semble encore inégalé. Il remporte un succès très important en Chine et n’est pas bloqué pour le moment. Selon Michael Anti, cela pourrait être dû au fait que Gmail est utilisé par un grand nombre d’officiels et d’hommes d’affaire[4].

Dans les années 2005-2006, la Chine a connu ce que Michael Anti a appelé « l’âge d’or du blog». En effet, dès que les possibilités techniques l’ont permis, les Chinois sont devenus très actifs sur internet. Actuellement, 14% des internautes chinois tiennent un blog et 61% en liraient un régulièrement.

Aujourd’hui, les médias dits sociaux sont à leur tour en pleine expansion et pourraient gagner en importance avec l’arrivée, depuis 2009, de l’internet mobile et des smart phones.


[1] « La longue marche des medias chinois » in Radio86, rubrique « Tout sur la Chine », 12.10.2007.

[2] « Michael Anti and the end of the golden age of blogs in China » in Le blog d’Ethan Zuckerman.

[3] « Censored in China » in The Cambridge Student Online, 21.02.2008.

[4] « Michael Anti and the end of the golden age of blogs in China » in Le blog d’Ethan Zuckerman.